« Aurais-je atteint ici ce que l’on ne recommence point ? Tout est ressemblant aux premières années de ma vie, et je reconnais peu à peu, au rétrécissement du domaine rural, aux chats, à la chienne vieillie, à l’émerveillement, à une sérénité dont je sens de loin le souffle – miséricordieuse humidité, promesse de pluie réparatrice suspendue sur ma vie encore orageuse – je reconnais le chemin du retour.(…) Ici-bas, quand je ne croyais plus la suivre que de l’autre côté de la vie, ici-bas existe donc une sente potagère où je pourrais remonter mes propres empreintes ? À la margelle du puits un fantôme maternel, en robe de satinette bleue démodée, emplit-il les arrosoirs ? Cette fraîcheur de poudre d’eau, ce doux leurre, cet esprit de province, cette innocence enfin, n’est-ce pas l’appel charmant de la fin de la vie ? Que tout est devenu simple… »
La Naissance du jour (1928)